Ayélé AYIKA

Ayélé AYIKA

Suricates, Biches et Chasseurs-Guerriers

SBCG 

 

Certains chasseurs, toutes meutes confondues, en toute saison et sans distinction d'âge, partent à la chasse avec de très belles flèches dans de jolis carquois magnifiquement tressés, habillés de leurs plus belles peaux de bêtes ajustées, coiffés de cauris tout blancs et brillants, les yeux pétillants du nombre de leurs précédentes prises et le cœur battant au rythme de toute la prétention de leurs futures prouesses dans la savane environnante et Ô dieux merci, plus qu'étendue. Il tirent leurs clinquants projectiles avec la plus grande adresse. Une vraie prestation ! Une liesse ! Une fois les proies attrapées, dépecées et consommées, ces mêmes chasseurs, presque guerriers pour l'occasion, si déterminés, si tenaces et si habiles dans l'art du tir multiple combiné instantané pour les plus expérimentés, ceux-là exactement qui affectionnent particulièrement de tendres biches égarées, isolées qui, erreur fatale, ne revêtent pas leurs peaux de suricates, faute de n'avoir pas bénéficié, pour différentes raisons, de conseils maternels avisés, ce qui leur vaut dorénavant d'aller seules, perdues ou bannies de leurs troupeaux ; oui, ces chasseurs, deviennent des espèces paresseuses méconnaissables, tout faste éteint, somnolentes et avachies, incapables de répéter les mêmes gestes héroïques une fois le ventre plein. Mais pourquoi donc le feraient-ils ? N'ont-ils pas eu ce qu'ils voulaient ? N'ont-ils pas festoyé et ainsi satisfait leur besoin immédiat de ripaille ? Aujourd'hui est toujours caressé par le soleil mais demain semble encore si loin ! À quoi peut bien servir une proie mièvre, cuisinée aux petits oignons qui plus est, souvent avalées à la va-vite, les plus belles saveurs gaspillées, puis digérée et oubliée, si ce n'est remplir la panse ? Juste ça; rien que cela ?
Bien heureusement, une prophétie annonce que la terre connaîtra, un jour, une autre ère d'évolution, peut-être bien une nouvelle étincelle humainement insondable de créativité divine où toutes les biches deviendront des suricates et alors, le monde verrait bien si la portée des flèches adroites de ces chasseurs-guerriers décimeurs de troupeaux sera toujours aussi longue... Et l'humanité attend le miracle, suspendue dans les cérémonies d'ouverture de la chasse (les saisons ne sont plus) qui pullulent un peu partout, en toute période, plus originales et plus scabreuses les unes que les autres. Une humanité hagarde, tendue vers l'horizon de la délivrance annoncée, fermant les yeux ou bien participant ou encore en communion fervente, selon la nature de la meute ou du troupeau, au massacre des biches, suricates en gardes fou totalement inutiles mais rassurant..

 

Ayélé AYIKA

 

 

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09/09/2024
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